Samedi 7 juin

Un coin de pêche nul, mais une sortie inoubliable !

Avec Éric et Nicolas, départ de Nouméa à 05h00 pour le Sud, la baie de Prony exactement. Nous arrivons une petite heure plus tard devant une mer d'huile, la marée haute est à 8h19, coef de 1.3, la marée basse à 14h40, coef de 0.25. On ne peut pas dire qu'il fasse beau, mais il ne pleut pas ! Pour Nicolas, c'est seulement sa seconde sortie de pêche, j'espère que nous réussirons à lui faire prendre un poisson ! Comme il n'a pas encore de matériel, je lui ai pris un lancer, mais gros distrait que je suis, j'ai oublié la bobine du mien qui était en train de s'égoutter depuis la dernière sortie ! Nous nous retrouvons donc avec 2 lancers et une canne à mouche. C'est la première fois que nous venons ici, aussi nous attaquons la prospection juste devant la voiture, moi à la mouche, les 2 autres au lancer. En dehors des bébés barracudas habituels dans ce genre de secteur, qui font semblant d'attaquer nos leurres sans y toucher en plus, rien à signaler. Vers 7h00, de belles et grosses chasses font exploser la surface de l'eau de l'autre côté de la baie. Ah, intéressant ! Si ces poissons pouvaient se rapprocher, nous pourrions connaître une journée de pêche de folie !

Au fur et à mesure que nous progressons vers la pointe, elles se raprochent de notre berge ; encore un peu de patience et nous devrions (admirez le conditionnel) être en plein dedans. Quant à la prospection elle-même, aucun de nous trois n'a encore eu la moindre touche ! Nous arrivons à cette fameuse pointe au moment où les chasses y arrivent aussi ! C'est en courant qu'Éric et moi parcouront les derniers 100 mètres, mais pour rien, les poissons sont déjà repartis plus loin ! Le coin a l'air prometteur, avec des gros rochers dans l'eau et une profondeur correcte (au contraire de la rade que nous venons de quitter où la hauteur d'eau était visiblement ridicule). Mais rien ! Pas une touche, un suivi, un remous !!! Finallement, je prends le lancer à Nicolas et je vais presque à la nage (j'ai de l'eau au cou) me percher sur le rocher le plus éloigné, prêt à lancer au milieu de la prochaîne chasse. Éric part sans attendre davantage le long de la berge en me ciant "J'y vais", et il commence à courir après ces chasses qui sont toujours au bord de la pointe suivant, un vrai supplice pour lui (comme pour moi) ! J'attendrai en vain qu'elles reviennent de mon côté, lançant le poisson nageur argenté dans toutes les directions sans avoir la moindre touche. Par contre, les chasses se multiplient partout dans cette baie profonde, j'espère qu'Éric a réussi à les rattraper ! Je n'attends pas plus longtemps, je descends de mon rocher, marre d'attendre alors que ça tape de partout 500 mètres plus loin, et j'entraîne Nicolas au pas de course - nous sommes sur un chemin - vers la pointe rocheuse où j'ai vu tant de chasses depuis tout à l'heure.

Nous sommes maintenant à cette pointe, Nicolas a attrapé une petite saumonée en arrivant ; comme je m'en doutais, les poissons sont légèrement trop loin ! Le bord est encombré de gros rochers reposant sur du "sable" rouge, cela forme une petite "allée" juste avant le grand bleu, lequel semble immense, je comprends pourquoi les prédateurs tapent si près du bord à cet endroit. La berge est assez escarpée, avec des éboulis de pierres obligeant à se contenter de la bande de séparation terre/eau pour marcher. Il y a juste à côté les vestiges d'une mine, de son port surtout, un quai en béton 4 mètres au-dessus de l'eau ; quelqu'un a écrit à la peinture "Port Goin" sur l'entrée… Les lancers succèdent aux lancers : rien ! Une demi-heure plus tard, toute la baie en face de nous n'est plus qu'un gigantesque festin, beaucoup des prédateurs en action sont très gros ! Tout pêcheur qui n'a pas connu ce genre de torture ne peut pas comprendre la frustration extrême que l'on ressent dans ces moments là ! Mais l'excitation est trop forte, la volonté de participer nous aussi à la fête prend le dessus, il faut trouver une solution, et vite !!! Comme le tombant est immédiat et que je cherche un endroit où me positionner pour sortir ma soie (c'est Nicolas qui a le lancer) et tenter tous ces bestiaux qui nous narguent, je me perche sur le quai. Le spectacle de cette hauteur est incroyable, il y a des chasses partout (je l'ai déjà dit), mais surtout certains poissons sont énormes (leurs remous en tout cas) ! Je sors la soie à mes pieds, toute la soie, il n'y a pas un souffle de vent, je lance sans le moindre problème les 28mètres bien au large, ils n'ont plus qu'à venir ! Je scrute la surface, obsédé par ces remous énormes, il ne me semble pas que ce soit ni des bonites, ni des thazars, ni des carangues… c'est gros, très gros même !!!

Quand soudain, juste devant mon nez, le phantasme de ma vie, le rêve devenue réalité... un superbe mâle de dorade coryphène me fait un saut à plus d'un mètre hors de l'eau, il doit bien faire entre 1.20 et 1.50 !!! La soie vibre déjà l'air, je hurle à Nicolas - qui n'a rien vu - de lancer vers le large, je pose la mouche à 30 mètres du bord et à 10 mètres de l'endroit où j'ai vu la coryphène, Nicolas pose son PN presque au même endroit. Et là, grandeur suprème, la coryphène fait demi-tour et… suit ma mouche !!! Sur bien 5 mètres !!! Elle avait le choix entre un PN du commerce et une mouche fabriquée par mes petites mimines, elle a choisi cette dernère !!!!! Mais j'ai beau accéléré, elle ne l'a prendra pas, je la vois comme si j'étais dans un aquarium dont les vitres ont été néttoyés le matin même, ses couleurs sont superbes, impossible de parler de tâches multicoles, c'est plutôt un chatoiement multiculore, une fantasia de couleur, une vraie féérie, car le soleil est de la partie et il illumine la scène ! MAGIQUE !!! Dommage qu'elle ne m'aie pas gratifié d'un violent coup de tête, même si cela devait se terminer par une casse (et si elle avait mordu... et si après, je n'avais pas cassé ! Hein ?).

En tout cas, les gros remous, si ce sont des dorades coryphènes, il y en avait des dizaines dans la baie !!!

Quelques minutes plus tard, le vent s'est levé, je suis obligé d'abandonner la mouche, je prends le lancer à Nicolas avec le PN de 10 cm tout d'argent au bout (Éric n'est pas revenu, nous ne savons pas où il est), et je file quelques mètres sur la gauche pour voir si un un poisson ne serait pas en vadrouille car ça y chassait dur tout à l'heure... rien. Je repars vers Nicolas, juste entre nous deux un banc de petits poissons commence à frisser en surface, poussé par un prédateur (le nombre de poissons déplacés donne une idée de la taille du prédateur dessous, mais des fois, ce sont plusieurs petits). C'est à porter de tir, je lance derrière et légèrement sur le côté... le PN (peu plongeant) fait 2 mètres tout au plus... énorme touche.... combat d'école (je décris à Nicolas tous les gestes en même temps que je les fais), je monte même sur le wharf... et quelques minutes plus tard (bien 10 d'après Nicolas), il attrape par la queue une bonite de 7 ou 8 kilos ! Malheureusement, elle est déjà morte avant qu'on ne la sorte de l'eau pour la décrocher, elle a perdu énormément de sang.

Dommage que les photos des jetables soient si médiocres !

Éric nous rejoint juste au moment où nous ressortons de l'eau, on prend des photos... le vent est assez fort, les bonites continuent de chasser, mais elles se sont bien calmées par rapport à tout à l'heure. Éric n'a pas eu une seule touche, il les a suivi jusqu'en face de l'autre côté de la rade sans les rattraper ! Je mets un cormoran sur le lancer maintenant que le vent s'est bien levé et je le passe à Nicolas ; nous sommes en train de bavarder avec Éric pendant qu'il pêche... je vois un très gros remous "vers" son cormoran... Touche ? Pas touche ? Je regarde le lancer ? Mais il y a quelque chose, il a la pointe qui part vers l'eau !?! Pourquoi ne le relève-t-il pas ??? "Tu as ferré ?" ... aucune réponse ! Je m'approche... la canne est à l'horizontale maintenant, le frein (je l'avais légèrement desséré après la prise de la bonite) crache du fil sans discontinuer ! Il y a bien quelque chose, et c'est un gros !!! Je commence par resserrer un peu le frein, le poisson n'a pas l'air d'en être du tout affecté ! Je demande à Nicolas de relever la canne, il n'y arrive pas ! Il essaye de mouliner pour récupérer du fil (Nicolas vient tout juste de se mettre à la pêche en mer, c'est sa seconde sortie), je l'arrête immédiatement avant qu'il n'aie vrillé tout le fil ! Je prends la canne et lui demande de monter sur le wharf pour qu'il y combatte en toute tranquilité ! Le poisson est vraiment beau, ce n'est qu'en bloquant la canne et en marchant à reculons que j'arrive à l'arrêter... et il sonde !!! Si la première bonite a sonder très profond lors de son premier départ, ce poisson fait encore mieux (la carte indique des fonds de 40 mètres presque au bord !!!), c'est hype impressionnant de voir le fil pratiquement traverser la surface en perpendiculaire à celle-ci, avec le fil qui continue de sortir, de sortir ... Bon, je n'ai pas pris la canne pour le combattre, mais pour permettre à Nicolas de monter sur le quai, donc il faut que j'arrive à reprendre un peu de fil pour amener la canne jusqu'à lui... mais le fil plonge à mes pieds, le poisson continue d'en sortir... et le fil ne quitte pas le même point de la surface => sûr, il est coincé !!! Et la casse ne tarda pas à suivre ! Le fil revient tout pelucher sur plusieurs mètres.

Dommage pour Nicolas, mais pour un débutant, toucher un poisson de cette taille, cela l'a mis sur le moment dans le même état que William Thuran après son second but ! Il ne comprenait absolument pas ce qui lui arrivait !

Éric n'a pas eu une seule touche de la journée, ça le change de sa sortie solitaire à Lebris où il s'était fait casser 5 fois !!! En tout cas, il est sûr d'une chose, mon noeud est costaud, ce n'est pas lui qui est à mettre en cause, mais la façon dont il le faisait !

C'est quand même un coin de pêche nul : en dehors de la petite loche de Nicolas et d'une casse sur la mouche (et oui, Nicolas s'est même essayé à la mouche et il s'est fait casser, mais je n'ai rien vu) => rien à 3 pêcheurs !... mais une sortie inoubliable, vous en conviendrez !

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Dernière modification de cette page : jeudi 12 juin 2003 à 19:55